Journal d'Aran et d'autres lieux : Feuilles de route

Category: Livres,Tourisme et voyages,Récits de voyages

Journal d'Aran et d'autres lieux : Feuilles de route Details

Qu'il soit aux marges de l'Irlande, dans les îles d'Aran battues par les vents, sombres, presque désertes, ou bien en Corée, ou encore en Chine, Nicolas Bouvier écoute et regarde, saisissant toujours la poésie, l'humour, le génie d'un lieu, même le plus inhospitalier, et de ses habitants. Avec un horizon : «Trouve ta liberté.»

Reviews

Je voulais changer de lecture, des essais politiques, des classiques littéraires, des romans policiers, j'ai donc pris ce livre pour me dépayser. Ayant vécu en Irlande, j'ai été évidemment très intéressé par son récit sur son séjour aux îles Aran en 1985, avant le boum économique, quand l'Irlande était encore considérée comme un pays européen en retard. Ce n'est pas qu'un récit de voyage, c'est beaucoup plus que cela. Nicolas Bouvier a pris la peine de se renseigner sur l'Irlande et nous expose toute la partie de l'histoire sur l'importance de la contribution irlandaise à la rechristianisation de l'Europe continentale. Il faut dire que l'Irlande a été christianisée sans avoir été colonisée ni envahie, et été donc préservée (jusqu'aux invasions vikings en tous les cas...). Je vous livre un petit passage pour donner un aperçu du style et de l'érudition :"Quand, dès le VIIe siècle, ce christianisme ardent, exigeant, têtu, rehaussé de prodiges qui rappellent ceux des lamas tibétains ou des chamanes mongols, revint sur le continent comme un boomerang porté par le zèle évangélique de ces athlètes de Dieu et de ces champions du jeûne, il ne fut pas du goût de tout le monde. Cette vaillante bouture d'un lointain miracle, ce Christ frais comme l'aubépine que les moines irlandais tutoyaient affectueusement et appelaient "le Grand Abbé", cet ascétisme un brin sorcier, inspirèrent les plus grandes réserves à la pourpre cardinalice et aux prélats romains nourris de juridisme judéo-latin, de pâté de truie et de frascati."J'ai été aussi intéressé par le portrait de la Corée, à une époque où ce pays était loin de la réussite économique actuelle, les gens y sont bien croqués et leur détermination qu'il évoque semble déjà présager de leur réussite future. En ce sens, Nicolas Bouvier est un fin observateur. Cela m'a évoqué les ex-pays de l'Est au sortir de l'éclatement de l'URSS.Ces récits oscillent entre érudition, portraits malicieux de personnages pittoresques ou même quelconques, mais en faisant ressortir "le génie d'un lieu", comme le formule si bien la 4e de couverture. Bref, je me suis régalé à tous les niveaux : plaisir de lecture, littéraire et érudition.